



Vendredi 17 Sep. Alep la Rousse comme on l’appelle ici est endormie, c’est jour de repos en Syrie sauf les boutiques des quartiers chrétiens qui ferment le dimanche .Alors nous profitons du calme pour nous rendre à la Citadelle arabe qui se dresse sur un promontoire haut d’environ 4O mètres en plein centre ville. Elle figure parmi les plus grandes et les plus anciennes du monde .Après avoir franchi le pont à huit arches et passés au guichet d’entrée (2,5O€), nous voici à l’intérieur et découvrons les vestiges qui témoignent
bien la succession des civilisations depuis 5OOO ans. Impressionnant de
se retrouver au milieu de toutes ces pierres .Malheureusement aucune
explication, ni guide .En parcourant le chemin de
ronde, nous avons une belle vue sur l’étendue immense de la ville
d’Alep. Le soleil cuisant de midi, nous oblige à quitter l’intérieur de ces lieux magiques. Face aux murailles, nous nous sommes installés à l’ombre d’une terrasse d’un resto et
avons apprécié notre premier vrai repas .En longeant les murs pour être
un max à l’ombre, nous avons retrouvé notre chambre d’hôtel climatisée
et avons apprécié la douche froide !

SAMEDI 18 Sep.
C’est l’Adhan (appel à la prière lancé du haut du minaret par le
muezzin) qui nous a réveillé…nous avons bu notre café et direction La
Poste pour envoyer un colis de savons car qui ne connait pas le fameux savon
d’Alep. Malheureusement à cette période, les savonneries sont fermées,
le savon est fabriqué l’hiver et sèche 9 mois environ .C’est un savon au
cœur verdâtre à base d’huile d’olive et d’essence de laurier qui lave et nourrit la peau sans la dessécher ni l’agresser. C’est aussi un
excellent détachant pour le linge avant lavage .De suite le fameux
morceau a pris place dans la trousse de toilette .Nous sommes passés à
la banque échanger une poignée de dollars pour des livres Syriennes,
bref de quoi vivre quelques jours, le coût de la vie est bien inférieur à
celui de la France, surtout la nourriture qui est bon marché, même au
resto. Toujours a pied, nous avons osé rentrer dans les souks, ou ça
grouillait de partout, beaucoup de familles venues habiller les enfants
pour la rentrée scolaire prévue Lundi, les boutiques regorgent de
tabliers, sacs d’école et dans la rue sur des charrettes se vend des fournitures scolaires, j’ai acheté un cahier pour noter nos péripéties journalières.

Depuis 3 jours que nous vadrouillons dans Alep, on nous laisse tranquille, on entend pas bonbon, stylo, monnaie bref une paix royale pourvu que cela dure ! Le tandem est prêt, demain débute le périple …
Dimanche 19 Sep : Alep-Idleb : 66 km, dénivelée 536 m.
Levés a 6 h, on déjeune dans la chambre car il est impossible d’avoir tôt le
petit-déj .A 7h30 Tigrou est chargé, nous voici lancé a travers la
ville direction Damas…a cette heure-ci la circulation est dense, nous
trouvons assez facilement la bifurcation pour Idleb, traversons
d’immenses plantations d’oliviers et de champs de coton. Petit arrêt
pour photographier enfants et femmes qui cueillent les petites touffes
blanches et remplissent les sacs. La route en bon état grimpe, les gros
villages construits en pierre blanches ne se détachent pas dans ce
paysage aride. En fin de matinée le soleil tape fort (40°), petit arrêt
pour acheter du raisin, le marchand nous offre le thé puis Monsieur le
maire nous prie d’accepter de prendre le café avec lui, un café serré
très fort bouilli 3 fois qui nous empâte la bouche et donne soif ! 10
minutes plus tard nous devons encore accepter de rentrer boire le thé…on
nous fait visiter une belle villa ; on nous propose de nous rafraichir
sous la douche, de manger et même si l’on veut de dormir ici ! Choukran
(Merci). On doit continuer notre chemin ! Nous arrivons à Idleb à 13h3O,
le souk anime encore les rues, ici pas d’ânes mais des mobs surchargées
de denrées. Un Syrien se veut complaisant, dans un français parfait, il
nous souhaite la bienvenue et nous offre des bananes, le boulanger fait
de même avec 4 petits pains. Quel accueil ! La ville n’offrant aucun
intérêt touristique , nous avons du mal à trouver un hôtel digne de ce
nom , bref le Grand Hôtel consent un rabais …marché conclus .Comme il y a
un balcon, je tambouille : salade de tomates et boite de thon ,un bol
de pâtes avec une vache qui rit en guise de beurre, une grosse pêche
jaune et un gâteau au miel ! Après cela, les bébés peuvent faire dodo !


Lundi 20 Sep. Idleb-Slenfé 69 km, dénivelée :800m.
Notre linge a séché durant la nuit, on enfile la même tenue chaque jour, je ne porte pas de cuissard car ici la femme doit avoir les jambes couvertes en dessous des genoux donc j’ai un sarouel et je porte un
foulard bien sur (pour le soleil car pour la première fois, nous avons
oublié nos casques !) Le compteur annonce 28°, premier achat deux bouteilles d’eau, nous remplissons les gourdes dans 5mn ce sera de l’eau chaude, et une autre en
réserve dans un étui isotherme .Nous roulons sur la nouvelle route
reliant Lattaquié, elle sera bientôt doublée par l’autoroute, les
travaux sont bien avancés. 3O km plus loin, nous bifurquons et suivons
une grande plaine fertile ou s’alignent des petites parcelles vertes et
jaunes, puis dans la plaine du Ghab, les bédouins sont installés avec
leurs troupeaux de chèvres et moutons. Avant d’attaquer la grimpée dans
le Djebel Ansarié (montagne), nous stoppons dans un resto au cadre sympa, le repas est délicieux, mais la facture est très salée … normal nous n’avons pas demandé le prix avant de consommer ! 3 x plus cher !

A peine digéré tout cela, que déjà la route se dresse devant nous, un mur de goudron sous
une chaleur torride, allez les pts loups c’est à pied que vous allez
monter à Slenfé à 11OOm alt. ! Au bout d’une heure trente avec du 12%
sans cesse nous n’avons avancé que de 5 km, bientôt plus d’eau, l’heure tourne, il faut prévoir que la nuit arrive à 19h donc
impossible d’arriver au but, et comme par miracle une estafette
s’arrête et les gars nous proposent de nous charger, ouf ! Tigrou rentre
à l’intérieur. Nous voici assis à même le fond du véhicule huileux
…c’est sur ce soir il faudra frotter les fonds de culottes ! Nos
chauffeurs sont prudents, pendant 12 km, la route sans virage ne fait
que de monter avec un pourcentage inimaginable, du jamais
vu depuis que nous roulons à tandem ! Le col est à 13OOm, le véhicule
ne s’arrêtera que dans la ville de Slenfé, on nous dépose sans rien
vouloir en échange, vraiment sympa les gens ici !

Maintenant reste à trouver une chambre il
y a 2 grands hôtels qui ne correspondent pas à notre budget (+ de 1OO
$) alors on demande aux commerçants qui trouvent rapidement une
solution, Roland se voit remettre une clef pour un appart grand luxe car
la ville est devenue la villégiature des élites Syrienne. Nous nous
installons dans un 1OOm² cuisine aménagée, luxueuse salle de bains avec hammam, 2 chambres, salon, et le couloir pour Tigrou pour la modeste somme de 16
€. Le linge a séché sur la terrasse, j’ai préparé le dîner : des pâtes
aux tomates fraîches, du pâté de poulet en boite et pour étancher la
soif une bière bien fraîche venant de chez l’épicier d’en face. Pas de bruit, la nuit a été excellente !
MARDI 21:
Nous quittons à regret le
nid douillet et Slenfé, nous descendons tranquillement pour profiter du
paysage toujours envahit par les petits chênes verts et les genévriers
.Sur notre passage, nous voulions visiter le
château de Saladin mais en étudiant notre guide Michelin, Zut fermé le
mardi ! 5 km de bonne grimpée et voici devant nous les ruines du plus grand château médiéval du Proche Orient. Le plus original que les croisés aient
construit. Il s’étend sur 7OOm de long et 12O de large .Après la route
qui conduit à Lattaquié est bondée de voitures, camions, bus c’est
stressant ! En plus c’est le premier jour ou le thermomètre affiche à
1O h + de 4O °. Nous trouvons un petit hôtel en centre ville, c’est
correct et propre. Nous ne sortons de la chambre que lorsque le soleil
est couché pour aller au cyber café car il faut bien vous envoyer des
nouvelles mais aussi en recevoir.


Ici, à perte de vue des champs d'oliviers, les olives se vendent
partout,elles ne sont pas très épicées comme la nourriture cela
n'enflamme pas la bouche.
A suivre… TIGROU EN SYRIE